Vous vous demandez peut-être : “Très bien, j’ai compris que la preuve d’envoi est indispensable. Mais comment faire concrètement ?” La bonne nouvelle, c’est qu’il existe plusieurs types de preuves, adaptées à différents courriers. Le choix de la méthode dépendra du degré « officiel » du document, de l’urgence, du coût et du confort de chacun. Petit tour d’horizon.
Le courrier recommandé avec accusé de réception
Le grand classique, c’est le courrier recommandé avec accusé de réception. Il représente sûrement la voie la plus rassurante pour la majorité d’entre nous, car il donne une “double preuve” :
- Que vous avez bien expédié votre pli.
- Que le destinataire l’a effectivement reçu ou qu’il a été informé de son passage à la poste.
Quand vous choisissez un envoi sous cette forme, vous recevez en retour un avis de réception, souvent appelé “AR”, qui mentionne la signature du destinataire ou des informations sur la date de présentation du courrier. Or, c’est cette petite carte verte (et désormais, souvent un document dématérialisé) qui peut peser lourdement dans un dossier. Dans le cadre immobilier, le courrier recommandé avec AR est fréquemment réclamé pour les résiliations de bail, les contestions de loyers, les demandes de paiement d’arriérés, etc. Il est vrai que son coût est plus élevé qu’un simple timbre, mais comme on dit, “le jeu en vaut la chandelle” : mieux vaut payer quelques euros de plus et être en mesure de prouver sans ambiguïté qu’on a bien envoyé un courrier à telle date.
Le courrier électronique certifié
Mais si, comme moi, vous aimez la praticité, vous vous êtes peut-être déjà demandé si un mail peut avoir la même valeur qu’un courrier recommandé. La réponse, c’est… pas forcément, du moins pas sous forme de mail ordinaire. En revanche, il existe aujourd’hui ce qu’on appelle le courrier électronique certifié ou l’email recommandé électronique. C’est une solution proposée par certains prestataires, qui garantit qu’un message électronique a bien été envoyé à telle date, avec un contenu précis, à un destinataire identifié. Un peu comme une lettre recommandée, mais en version numérique.
L’avantage, c’est la rapidité (votre interlocuteur le reçoit instantanément, sauf s’il fait le mort dans ses mails) et la possibilité d’archiver sans s’encombrer de papier. Le prix d’un recommandé électronique varie selon le prestataire, mais souvent il reste équivalent, voire légèrement moins cher, qu’une lettre recommandée papier. Attention toutefois : n’oubliez pas que votre destinataire doit disposer d’une adresse e-mail valide. Dans le cadre d’une location, par exemple, assurez-vous d’avoir des coordonnées fiables. De même, tous les types de documents immobiliers ne peuvent pas systématiquement être envoyés par voie électronique. Renseignez-vous sur les conditions légales et les usages du secteur, ou demandez conseil à un professionnel.
Le constat d’huissier
Voilà une méthode nettement plus radicale, mais aussi plus coûteuse : faire dresser un constat par un huissier de justice. Pourquoi envoyer un simple courrier quand on peut mobiliser un officier public, me direz-vous ? Eh bien, en réalité, on ne le fait pas pour une lettre banale. On a plutôt recours à l’huissier dans des situations plus tendues, où les intérêts en jeu sont grands (par exemple, lors d’une expulsion, d’une saisie ou d’un litige préjudiciable). L’huissier peut attester que vous avez remis un document à telle personne, ou qu’un document a été envoyé par voie postale, le tout en mentionnant la date et l’heure exactes.
Est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Si vous êtes en plein dossier litigieux, et que la validité d’une notification à autrui peut vous faire gagner ou perdre un procès, le constat d’huissier est un atout majeur. Personne ne vous reprochera de l’avoir fait, puisque la parole de l’huissier est particulièrement respectable devant un tribunal. Le revers de la médaille, c’est bien sûr le coût. Si vous êtes dans des démarches de location ou de simple transaction, le courrier recommandé suffit dans 99% des cas, et vous économiserez quelques deniers bienvenus.
La remise en main propre contre émargement
Enfin, il existe une quatrième façon de constituer une preuve d’envoi : la remise en main propre. On oublie parfois cette méthode parce qu’elle implique d’aller physiquement remettre le document au destinataire. Toutefois, si vous êtes dans le même immeuble ou dans la même ville, il peut être simple d’organiser un rendez-vous. Dans ce cas, vous faites signer au destinataire un document stipulant qu’il a bien reçu le courrier (ou le dossier) et à quelle date. Cette signature est une preuve tangible et difficile à contester. Elle peut être aussi solide que l’avis de réception d’un recommandé.
Bien entendu, cette méthode suppose d’avoir des relations plutôt correctes avec la personne à qui vous remettez le document, ou du moins un accord sur ce mode de transmission. Elle n’est pas très adaptée si vous ne voulez plus avoir de contact direct avec lui, ou si vous doutez qu’il accepte de signer quoi que ce soit. Toutefois, pour un échange cordial, c’est une option tout à fait valable, peu coûteuse et instantanée.