Sommes-nous tenus de conserver une copie papier du diagnostic électrique ?

09/07/2025

Qu’est-ce que le diagnostic électrique ?

Avant de plonger dans les règles de conservation, clarifions la notion de diagnostic électrique. Il s’agit d’un document officiel qui évalue la conformité et la sécurité des installations électriques d’un logement. Il détermine, à un instant T, si le système répond aux normes en vigueur et si des risques (de court-circuit, d’électrisation, d’incendie, etc.) doivent être corrigés. Il est généralement obligatoire pour la vente d’un bien immobilier de plus de 15 ans ou dans le cadre d’une location, couvrant des éléments comme les tableaux de répartition, les dispositifs de coupure et de protection, les circuits, et bien plus encore.

Le diagnostic électrique a donc été instauré pour renforcer la sécurité des occupants et limiter les incidents domestiques liés à l’électricité. Par ailleurs, il informe l’acquéreur ou le locataire de l’état des installations afin qu’il puisse anticiper d’éventuels travaux. La durée de validité est généralement de trois ans pour la vente et de six ans pour la location. Passé ce délai, un nouveau rapport doit être établi si le bien n’a pas été cédé ou si le bail est renouvelé.

En tant qu’ancien juriste à Marseille, j’ai vu beaucoup de situations où un propriétaire peinait à retrouver le diagnostic électrique original, ou même la moindre trace de ce document, lorsqu’un désaccord survenait. D’où la question : faut-il un original papier obligatoirement ? Et, si oui, combien de temps doit-il être gardé ? Voyons ce que disent les textes légaux et comment s’organiser efficacement.

Cadre légal et obligations de conservation

Le diagnostic électrique s’inscrit dans un ensemble de diagnostics immobiliers imposés par la loi. Aux côtés du diagnostic de performance énergétique (DPE), du diagnostic plomb (CREP), du diagnostic amiante ou encore du diagnostic termites, il s’intègre dans le fameux dossier de diagnostic technique (DDT). Au moment de la mise en vente ou en location, ce dossier doit être fourni à l’acquéreur ou au locataire. En principe, c’est le propriétaire vendeur ou bailleur qui est responsable de présenter des documents valables et, par extension, de les avoir conservés dans un état qui ne prête pas à confusion.

Malgré cela, la législation ne mentionne pas toujours de façon explicite le type de support à privilégier pour la conservation. On peut parfois lire que « le propriétaire doit être en mesure de prouver l’existence de diagnostics en cours de validité ». Mais faut-il nécessairement un document physique ? La loi n’a pas décrété qu’un diagnostic électrique devait exister uniquement en format papier pour être opposable. Autrement dit, une version numérique signée numériquement par un diagnostiqueur certifié peut aussi être reconnue comme preuve, à condition de respecter certaines règles d’archivage et d’authenticité.

En revanche, du point de vue pratique et juridique, si un litige survient, un papier tamponné ou signé peut rassurer. La culture administrative française reste attachée aux copies papier, surtout lorsqu’il s’agit d’actes officiels. D’autres pays ont amorcé des transitions plus massives vers le tout-numérique, mais chez nous, le papier conserve une certaine aura. Alors, y a-t-il un « must do » absolu qui vous impose de garder le papier sous peine de poursuites ? La réponse courte serait : non, si vous pouvez produire une preuve authentique par d’autres moyens. Mais la réponse longue suppose d’anticiper d’autres situations, comme un contrôle ou un contentieux.

Les exigences spécifiques à la mise en location

Lorsque vous mettez un logement en location, vous devez remettre au futur locataire une copie du diagnostic électrique. L’obligation est réglementaire, tout comme pour le diagnostic gaz ou le DPE. Là encore, la loi n’exige pas nécessairement un format papier, mais le locataire doit avoir accès à une copie intacte du document qui engage votre responsabilité. Le bailleur est supposé conserver un exemplaire, ou une version numérisée, afin de prouver qu’il a bien transmis les informations requises.

Certains propriétaires s’appuient sur des agences immobilières pour gérer ce type de documents. Dans ce cas, vérifiez que l’agence archive correctement votre diagnostic. Souvent, les agences préfèrent le format numérique pour centraliser un maximum d’informations et faciliter leur transmission aux locataires. Ceci dit, si vous gérez vous-même votre location, n’hésitez pas à ranger une copie papier dans un classeur dédié. Une fois j’ai vu un bailleur complètement paniqué, car il avait perdu tous ses diagnostics dans un crash informatique. Heureusement pour lui, il avait gardé un dossier papier à jour. Bref, mieux vaut doubler ses précautions.

Les exigences spécifiques à la vente d’un bien immobilier

Dans le cadre d’une vente, les diagnostics immobiliers forment un dossier qui doit être annexé à la promesse de vente ou à l’acte final. L’absence de diagnostic électrique valide peut entraîner des sanctions, comme la non-exonération de la garantie des vices cachés. En clair, si l’acquéreur découvre des problèmes, il peut vous reprocher le défaut d’information et demander réparation.

Sur le plan technique, vous pouvez fournir le rapport au notaire en version dématérialisée. La plupart des offices notariaux acceptent désormais des dossiers numériques, à condition qu’ils soient lisibles et surtout vérifiables (horodatage, signature du diagnostiqueur, etc.). Toutefois, de nombreux notaires aiment encore voir un document papier pour le parapher.

Pour être tout à fait honnête, je n’ai encore jamais croisé de notaire qui refuserait une version électronique valide, surtout si le diagnostiqueur est réputé. Mais selon moi, une copie papier soigneusement conservée dans votre dossier personnel (avec la date de réalisation, la signature et les éventuelles annexes) reste une sécurité solide. Encore plus si vous envisagez de retarder la vente de plusieurs mois, voire un an. On n’est pas à l’abri d’une fausse manipulation informatique ou d’un oubli de mot de passe qui nous empêche de rouvrir le fichier.

Supports de conservation : papier ou numérique ?

Maintenant que nous savons que la loi ne privilégie pas un support plus qu’un autre, comment choisir ? Pour certains, tout conserver en version numérique semble beaucoup plus simple : plus de piles de papier qui s’accumulent, un accès rapide en quelques clics, et la possibilité d’envoyer le document par e-mail ou via des plateformes sécurisées. Pour d’autres, la simple idée de tout dématérialiser peut créer du stress : que faire si l’ordinateur tombe en panne, si un virus efface mes archives, ou si mon fournisseur de stockage cloud ferme boutique sans préavis ?

En vérité, l’idéal est de miser sur la complémentarité. La logique suivante est plébiscitée par pas mal d’experts :

  • Conserver une copie papier dans un classeur spécifique par logement (on évite ainsi de égarer le document au milieu de factures) ;
  • Garder une version numérique (PDF, par exemple) dans un espace de stockage fiable, voire un coffre-fort numérique qui garantit la pérennité et la non-altération du fichier ;
  • Réaliser de temps en temps un double de vos fichiers sur un disque dur externe, histoire de ne pas dépendre d’un unique support.

Cette méthode permet de parer à tous les aléas : un incendie qui détruirait le dossier papier, un crash informatique, un changement d’adresse e-mail… On se retrouve alors protégé sur plusieurs plans. Et puis, nul besoin de dépenser une fortune pour un équipement sophistiqué : un simple disque dur d’1 To suffit souvent à archiver l’ensemble de vos documents sur plusieurs années !

Valeur juridique et gestion des preuves

Est-ce qu’une version électronique a la même valeur juridique qu’un document papier signé ? La réponse est oui, à condition d’être en mesure de prouver que le document numérique est authentique et n’a pas été modifié après coup. Certains diagnostiqueurs proposent un certificat électronique sécurisé qui rend toute altération détectable. De cette manière, si vous avez un fichier PDF horodaté et signé, il est généralement admis par la justice.

À l’inverse, si votre fichier numérique se résume à un scan flou, sans signature apparente ni certification, vous risquez de devoir prouver que le document est bien celui émis par le professionnel, et pas une copie éditée. Voilà pourquoi, en pratique, lorsqu’on me demande si le seul format PDF suffit, je réponds souvent qu’il vaut mieux anticiper et demander au diagnostiqueur une version électronique certifiée, ou conserver le papier original signé. Les ennuis arrivent rarement, mais quand ils se présentent, ils aiment se manifester au plus mauvais moment.

Les tribunaux peuvent exiger que vous présentiez un document authentique si un litige survient (par exemple, si l’acquéreur se retourne contre vous pour vice caché, arguant que vous n’avez pas fourni le bon diagnostic). Si vous n’êtes pas en mesure de le produire, vous vous exposez potentiellement à des dommages et intérêts.

Cas pratique : un oubli qui coûte cher

Permettez-moi d’illustrer tout ça avec un cas pratique que j’ai rencontré à Marseille. Un propriétaire vendait un appartement datant des années 70, donc ancien circuit électrique, obligeant à réaliser un diagnostic complet. Le diagnostiqueur lui avait fourni un exemplaire papier et un PDF joint par e-mail. Le propriétaire, sûr de lui, a simplement conservé le PDF sur son ordinateur. Mais suite à un bug, son disque dur a lâché, et il n’avait pas fait de sauvegarde. En parallèle, il avait égaré l’original papier dans un déménagement. Bref, plus de trace du diagnostic.

Quelques mois plus tard, alors qu’il signe une promesse de vente, l’acquéreur l’accuse de ne pas fournir le diagnostic. Stress, report de la signature… Le propriétaire contacte en urgence le diagnostiqueur, qui, malheureusement, avait cessé son activité. Résultat : impossible de récupérer le rapport, le propriétaire a dû commander un nouveau diagnostic pour prouver la conformité de ses installations. Coût supplémentaire : environ 150 à 200 euros, sans compter le retard pris pour conclure la transaction. Une simple négligence qui aurait pu être évitée grâce à un minimum de prudence.

Avantages et limites d’un archivage physique

Vous l’aurez compris, conserver le diagnostic électrique en version papier présente des avantages indéniables : la facilité à saisir l’original, l’aspect rassurant d’un document officiel, la possibilité de le transmettre en mains propres à un tiers (acquéreur, agence, notaire), etc. Ces atouts s’inscrivent dans la mentalité française, où le papier demeure synonyme de sérieux et de tangibilité. Le fait de feuilleter un rapport complet, avec la signature en bas de page, renforce souvent la notion d’authenticité.

Mais attention aux limites. D’abord, si vous avez plusieurs biens immobiliers, ou si vous conservez beaucoup de documents (avis d’imposition, factures, contrats, etc.), la place occupée par le papier peut vite devenir envahissante. Ensuite, le risque de perte ou de détérioration (inondation, incendie, pliage déchiré) n’est pas négligeable. De plus, une fois que vous arrivez chez le notaire, il peut préférer compiler numériquement l’ensemble des pièces dans son dossier informatique. Vous allez alors devoir numériser ce document, ce qui ajoute une manipulation de plus.

Toujours est-il que l’archivage physique reste simple à mettre en place : un grand classeur, quelques intercalaires, et vous avez un système d’organisation rapide et accessible. Dans la pratique, beaucoup de propriétaires optent pour ce mode par habitude et par tranquillité d’esprit. Sur le plan juridique, personne ne viendra vous reprocher d’avoir un double papier, bien au contraire !

Conseils pratiques pour une gestion optimale

Face à ces considérations, comment maximiser la sécurité de vos diagnostics électriques ? Réponse : en optant pour une stratégie de redondance, sans tomber dans l’excès. L’idée est de trouver l’équilibre entre « tout faire en numérique » et « tout conserver en papier ». Voici quelques recommandations concrètes :

  1. Rangez vos diagnostics immobiliers dans un même classeur identifiable, afin d’éviter qu’ils se dispersent dans divers recoins de la maison.
  2. Scannez systématiquement chaque diagnostic afin d’avoir au moins une copie dématérialisée stockée dans un emplacement sûr (disque dur, clé USB, cloud professionnel).
  3. Demandez au diagnostiqueur s’il peut vous fournir un format certifié incluant une signature électronique et un horodatage, particulièrement si vous risquez d’être en litige ou si votre transaction ne se fait pas immédiatement.

Certes, il s’agit de gestes très simples, mais ils vous éviteront bien des ennuis en cas de panne, de perte, ou si un tiers (acheteur, locataire) vous accuse de n’avoir jamais fourni le moindre diagnostic. Et, entre nous, mobiliser cinq minutes de son temps pour scanner un document est loin d’être insurmontable. Cela simplifie considérablement la vie, surtout quand on doit transmettre ces pièces à un notaire ou à une agence à la dernière minute.

Les impacts en cas de contrôle ou de contentieux

On ne va pas se mentir, la question « Sommes-nous tenus de conserver une copie papier du diagnostic électrique ? » se pose surtout quand les choses tournent mal, c’est-à-dire en cas de contrôle ou de litige. Par exemple, lorsqu’une Haute Autorité (type DGCCRF) effectue une vérification sur la conformité des transactions immobilières, ou lorsque le nouveau propriétaire découvre des dysfonctionnements électriques graves et vous reproche un diagnostic obsolète.

Dans ce genre de situation, le point central est de pouvoir prouver sans ambiguïté que vous aviez un diagnostic valide au moment de la vente ou de la location. Si vous arrivez avec un original tamponné, difficile à contester, vous gagnez instantanément en crédibilité. De même, un PDF sécurisé, qui comporte une signature électronique vérifiable, vous protège tout autant. Par contre, un simple papier chiffonné, sans signature, ou un PDF non certifié avec la mention « brouillon », risque fort de vous mettre en difficulté.

Depuis 2017, on observe une montée en puissance de la dématérialisation des procédures, encouragée par de nombreux professionnels de l’immobilier et des services publics. Toutefois, les tribunaux conservent encore une tradition d’évaluation des pièces présentées in concreto. Ils vérifient l’authenticité, l’horodatage, la signature, et tout indice montrant qu’il n’y a pas eu de falsification. Pour ne pas se retrouver en mauvaise posture, mieux vaut se montrer prévoyant.

Dernier point : l’équilibre entre sécurité et praticité

Au final, la législation française ne vous jette pas la pierre si vous préférez miser sur une bonne version numérique du diagnostic électrique plutôt qu’un papier. L’important, c’est d’être en mesure de prouver la validité du document, son authenticité et son contenu au moment où cela compte. En clair, vous n’êtes pas dans l’obligation formelle de conserver un papier sorti du tiroir à chemises. Mais, dans l’intérêt de tout le monde, il est souvent conseillé de le faire.

Pour certains, avoir un dossier papier entièrement paramétré, avec toutes les pièces du bien (acte de propriété, diagnostics, factures de travaux, etc.), permet de gagner un temps précieux et de limiter le risque d’oubli. Le diagnostic électrique, avec sa validité limitée, va forcément revenir sur le devant de la scène s’il y a revente ou renouvellement du bail au-delà des trois ou six ans autorisés. D’autres préfèrent la légèreté d’un cloud et la tranquillité offerte par la synchronisation automatique.

L’important est de se poser la question à tête reposée : quels documents conservez-vous déjà ? Avez-vous une méthode d’archivage fiable pour vos déclarations d’impôts, vos relevés bancaires ou vos factures EDF ? Si oui, vous pouvez y intégrer vos diagnostics immobiliers, en version papier comme en version numérique. Si vous n’êtes pas très organisé, rien ne vous empêche de prendre de bonnes résolutions (eh oui, c’est un peu comme le sport du dimanche, on s’y met quand on est motivé !). Un peu de méthode, et le tour est joué.

On conseille souvent de classer vos archives en distinguant la catégorie « documents officiels » (diagnostics, contrats, pièces notariées) des « documents généraux » (factures, correspondances, etc.). Cela évite de fouiller dans un méli-mélo quand surgit un souci. Vous pouvez même ajouter des étiquettes pour retrouver rapidement ce que vous cherchez, ou faire une copie scannée sur votre téléphone. Bref, mieux vaut dépenser un chouïa plus de temps en amont que perdre des heures à tout reconstituer en catastrophe.

Par ailleurs, un dernier conseil : si vous changez de diagnostiqueur, si vous vendez puis rachetez un autre bien, ou si vous faites réaliser des travaux qui modifient l’installation électrique, conservez toujours ces documents associés. Chaque étape apporte des informations utiles, preuve de la progression ou des mises à jour. Ainsi, si vous souhaitez prouver que votre nouvel aménagement a réglé un problème relevé dans un rapport précédent, vous aurez la trace de l’ancien et du nouveau rapport. Croyez-moi, on dort mieux avec ce genre de précautions, surtout quand on sait à quel point un imprévu administratif peut gâcher un projet.

Pour conclure sur une note légère, imaginez la scène : vous décidez de relire un vieux diagnostic électrique pour vérifier l’âge de votre système. Vous dénichez le fameux dossier tout jauni dans le grenier, tombant sur des photos de vous en train de repeindre la chambre du petit dernier. Un peu de nostalgie, un peu de poussière, et surtout la satisfaction d’avoir enfin la réponse sous la main. Vous lisez que tout était en conformité, vous riez en voyant l’ancienne coupe de cheveux de votre conjoint, et vous réalisez que oui, conserver un papier, parfois, ça a du charme. Alors, si vous hésitez encore, sachez qu’en l’absence d’obligation stricte, entre sécurité et praticité, il peut être judicieux de garder un exemplaire papier pour éviter de croiser les doigts quand on doit prouver sa bonne foi.

En définitive, personne ne vous tiendra rigueur si vous préférez la voie dématérialisée, mais au vu du faible encombrement d’un rapport d’une dizaine de pages, mon conseil de juriste et de rédactrice reste d’opter pour la double sauvegarde. Vous serez ainsi toujours prêt pour toute éventualité. Que vous sigiez fan inconditionnel du papier ou féru de technologies, vous avez désormais toutes les cartes en main pour faire le bon choix et archiver votre diagnostic électrique en toute sérénité. Prenez soin de vos archives, et elles prendront soin de vous !

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